Sergio Marchionne

L’emblématique patron italien, Sergio Marchionne, abandonne la direction du groupe Fiat-Chrysler, de Ferrari et de CNH pour raisons médicales après 14 années de bons et loyaux services.

Actuellement dans le coma, l’homme à tout faire de la famille Agnelli est confronté à des difficultés postopératoires rencontrées, officiellement, à la suite d’une intervention sur son épaule droite datant de début juillet.

La presse à sensation italienne donne une autre version, celui que l’on surnomme le « Bulldozer » ou encore « Super Marchionne » serait à l’article de la mort, cancer du poumon en phase terminale.

Une carrière d’exception

À aujourd’hui 66 ans, le manager italo-canadien aux éternels pulls et polos noirs laissera derrière lui un groupe bien portant avec de très belles perspectives d’évolutions pour les années à venir.

Pourtant, en 2004, quand il prend les commandes de Fiat, personne n’aurait imaginé qu’il redresserait aussi bien le groupe turinois alors au bord de la faillite.

En effet, en 14 ans de règne, il a profondément remodelé le groupe. Tout d’abord, en mariant Fiat à l’américain Chrysler en 2009 et en récupérant au passage la marque Jeep qui concentre aujourd’hui 70% du chiffre d’affaires du groupe.

Ensuite, en 2011, il détache une part des activités gros engins et camions du groupe pour créer CNH Industrial aujourd’hui porté par les camions Iveco et les machines agricoles New Holland.

Pour finir, il a récupéré une importante part de Ferrari qui avait été cédée en 2002 à la suite d’un endettement colossal du groupe. En janvier 2016, il sort le joyau Ferrari du groupe Fiat-Chrysler pour le faire vivre plus librement en l’introduisant en Bourse à Wall Street.

Une fin prématurée

En 2017, sous son égide, le groupe connu sous l’acronyme FCA a enregistré des résultats record. 111 milliards d’euros de chiffre d’affaires et une marge opérationnelle en progression à 6,44%. Par ailleurs, depuis fin juin, Fiat-Chrysler n’est plus endetté.

Sergio Marchionne prévoyait de passer les rênes de FCA dans le courant de l’année 2019, le destin en a malheureusement décidé autrement.

Mike Manley

Une succession 100% Jeep

À l’issue d’un conseil d’administration, convoqué en urgence à Turin, le nom du nouveau PDG de FCA a été communiqué samedi 21 juillet 2018. Il s’agit du patron de Jeep, Mike Manley.

Discret Britannique de 54 ans, Mike Manley a pris la tête de Jeep en 2009, en pleine tempête dans le secteur automobile américain. Il dirige aussi depuis 2015 la marque Ram, qui produit des pick-up et des vans.

Pour mémoire, selon la banque Morgan Stanley, la marque Jeep devrait représenter à elle seule près de 70% des profits du groupe Fiat-Chrysler cette année.

Sous la direction de Mike Manley, les ventes de Jeep sont passées de 337 000 unités en 2008, à près de 1,4 million en 2017 et un objectif de 1,9 million de véhicules vendus pour 2018.

Pour la première fois, la destinée de la « Fabbrica Italiana Automobili Torino », créée en 1899 dans la capitale du Piémont, ne sera pas présidée par un Italien. Cette révolution doit être entérinée par une assemblée générale extraordinaire des actionnaires, qui devrait être bientôt convoquée.

Autres informations

John Elkann, petit-fils de Gianni Agnelli et PDG d’Exor, la holding familiale qui détient près de 30% de Fiat, 27% de CNH Industrial et 23% de Ferrari, est nominé comme président de Ferrari.

De son côté, Louis Camilleri est nominé comme administrateur délégué de Ferrari. PDG de Philip Morris depuis 2002, il entretient des relations privilégiées avec Ferrari depuis de nombreuses années via le sponsoring de la Scuderia. En effet, Marlbororo est un sponsor historique de la F1 et de la Scuderia Ferrari.

Sergio Marchionne & Mike Manley

Un avenir encore incertain

Sergio Marchionne cède, malgré lui, le volant avant les derniers virages d’un groupe qu’il a bâti de ses propres mains depuis 2004.

Admiré autant que conspué, il laisse un groupe plein de contradictions dont Mike Manley va désormais devoir appliquer le plan en 5 ans annoncé plus tôt dans l’année de celui qui est devenu son prédécesseur.

Charge maintenant au génie de Jeep de trouver la solution quasi-miracle pour revenir dans la course technologique enclenchée depuis quelques années dans le secteur automobile tout en remplissant les objectifs financiers imposés par les actionnaires...